Conférence sur la dentelle

Dates :
10. Février 2018 - 0:00 - 10. Février 2018 - 0:00
Lieu :
non renseigné

Samedi 10 Février à 15h Conférence de Claude Vasseur.

De sa naissance à Calais à son arrivée à Tulle, de son métier de sténodactylographe à sa passion pour la dentelle, Claude Vasseur retrace 65 ans d’une vie passée à surmonter la cécité.

Il a pour habitude de ne jamais allumer les lumières de son appartement. « De quelle utilité me seraient-elles ? Pour moi, c’est toujours le noir complet. Et s’il est une chose que j’ai apprise à voir, c’est le bon côté des choses : au moins, je fais de grosses économies sur mes factures d’électricité ! »

Claude Vasseur a le rire facile. Et même l’œil qui pétille. À 65 ans, ce Tulliste d’adoption, arrivé dans la cité en août 2000, n’a rien perdu de sa gaieté, de son entrain. Aucune de ces passions qui, dès son plus jeune âge, l’ont animé, n’ont aujourd’hui cessé de le faire vibrer. « Et croyez-moi, les vibrations, quand on est aveugle, c’est important. »

"Aveugle". Claude Vasseur est, depuis près de quarante ans, atteint d’une cécité complète. Ses grands yeux d’un vert d’eau, presque translucide, pourraient pourtant laisser penser le contraire. « Ils sont verts ? », s’étonne ce Tulliste de cœur. « J’ai parfois du mal à m’en souvenir, cela fait longtemps que je ne me suis pas vu. » Et pourtant…

Ecrire, coûte que coûte

La cécité n’a pas empêché Claude Vasseur de travailler. Ni d’écrire un livre. Ni même de quitter, à 23 ans, son Calais natal pour rejoindre la capitale. Elle ne l’empêche pas aujourd’hui de continuer à se passionner pour son premier amour : la dentelle… qu’elle soit de Calais ou de Tulle.

Pourtant, la vie du Calaisien a basculé en deux ans. « Alors que j’étais dessinateur en dentelle, le couperet est tombé : à 20 ans, on m’a dit que j’étais entrain de devenir aveugle. Et que ce serait irréversible. » Si bien qu’à 22 ans, Claude Vasseur est atteint d’une cécité complète. Et doit alors renoncer à sa plus grande passion. « Mon métier. Je ne pouvais tout simplement plus l’exercer. »

Parce qu’il renonce, Claude Vasseur choisit. « Il était hors de question que je reste sans rien faire de ma vie. » Alors, comme un pied de nez adressé au destin, le Calaisien décide de se former à la sténodactylographie. « Le formateur ne voulait pas entendre parler de moi parce que j’étais aveugle. Mais moi, j’avais passé de longs mois à retenir les touches des claviers Azerty. Et j’étais capable de travailler comme n’importe qui. »

 

Si bien que Claude Vasseur se fait embaucher par la Sécurité sociale, à Paris. « Puis en 2000, j’ai voulu quitter la ville et j’ai opté pour la Corrèze », où, à la CPAM, le sexagénaire termine sa carrière. Puis prend sa retraite. Cette dernière n’est pas synonyme de repos.

À l’aide d’un ordinateur doté d’une assistance vocale, Claude Vasseur écrit un livre, Pétales de vie, paru en 2016 aux éditions Eivlys. « De modestes réflexions », précise-t-il. « Elles concernent mon rapport à dieu, à la société… » Et à ces questions que les voyants pourraient se poser sur la cécité. « Je dis toujours qu’en 24 heures, il y en a six où je vois : la nuit, lorsque je dors. Et que je rêve. »

Être aveugle vous oblige à vous concentrer sur l’essentiel.

De son handicap, Claude Vasseur a appris à faire une force. « Être aveugle vous oblige à vous concentrer sur l’essentiel. Puisque vous ne les voyez pas, les événements extérieurs ne vous perturbent pas. Vous êtes obligés de vous concentrer sur ces choses que les voyants ne voient pas toujours. » Et sur les bruits.

Au moindre pas, au moindre murmure échappé dans l’étroit couloir de son immeuble, Claude Vasseur tressaille. « Tiens, quelqu’un vient d’entrer quelque part… » Dans le « désordre organisé » de son appartement, il se déplace avec agilité, et sans jamais heurter le moindre meuble. « C’est une question de mémoire. Elle travaille en permanence. »

Sa passion pour la dentelle l’amènera à animer une conférence, le 10 février prochain, à la médiathèque de Varetz. Des coupures des poincts de Tulle et de Calais, qu’il a minutieusement collectionnées au fil des années, seront exposées. Pour le moment, elles reposent sagement sur le coin d’un buffet, tout prêt d’une citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » 

 

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